Am Tag des tunesischen Neubeginns wurde auf der Website von Venance Konan, einem der mutigsten Journalisten der Elfenbeinküste, folgender Beitrag veröffentlicht:
LE CAS TUNISIEN
15/01/2011 17:50:00 Vincent Tohbi
Ben Ali est parti. En fuite. Même pas sur la pointe des pieds. Ses fidèles alliés occidentaux, la France et lItalie en tête, ont refusé de lui accorder lasile et le refuge que le plus vulgaire des Africains peut recevoir quand il se présente aux portes de lEurope. Ben Ali a essayé plusieurs portes avant déchouer enfin chez ses frères de lArabie Saoudite. Il est devenu un paria en 24 heures seulement.
Comme le Héros national de chez nous en Côte dIvoire, Ben Ali se targuait davoir larmée de son côté. Ben Ali senorgueillissait davoir toute lélite politique, comme lautre. Il se prévalait dun amour national sans pareil, comme lautre. Il était à son 5è mandat et complétait ses 22 ans de pouvoir, le double de lautre. Il avait muselé la presse et lOpposition, comme lautre. Il a fait main basse sur les médias dEtat, comme lautre. Il persécutait par ses élites policières ceux qui nétaient pas de son bord, comme lautre. Sa famille et ses proches étaient bien assis sur léconomie nationale et les réseaux daffaires, comme lautre. Il croyait avoir le monde à ses pieds, comme lautre.
Et puis, une brise, toute petite, a soufflé, il na pas voulu se mettre à labri. La brise sest transformée en bourrasque puis en tempête qui la emportée. LArmée quil croyait lui être fidèle depuis 23 ans a changé de camp en une fraction de seconde quand elle a vu changer la direction du vent, afin de ne pas perdre ses privilèges et faire face à une population furieuse. La police délite qui a bastonné et tué les manifestants aux mains nues est aujourdhui du côté de cette population. Lélite politique gâtée par les privilèges et roulant carrosse dans le pays et ayant suffisamment mis de côté pour des générations à venir sest rangée du bon côté, celui du peuple.
Il na fallu que quelques heures pour que se défigure, se déconfigure et se reconfigure tout lespace politique et social. La peur a changé de camp. Les oppresseurs feront profil bas et allégeance aussi vite et aussi servilement quils lont fait à Ben Ali. Le Premier Ministre, lallié fidèle a pris les rênes et lon doute fort quil y eût pu avoir une entente tacite et une révolution de palais. Avant dêtre lui-même débouté par le Conseil Constitutionnel. Encore un autre. Le pouvoir échoit provisoirement au Président de lAssemblée Nationale, pour le moment en tout cas et si la colère du peuple se calme, puisque tout cet establishment politique appartient à le même sève nourricière, la clique qui a pris le pouvoir en 1988.
Ben Ali est parti, profil bas, comme Bourguiba avant et comme tout dirigeant qui ne voit ni ne lit les signes du temps. Un pouvoir nest jamais suffisamment fort pour être toujours fort. Le pouvoir corrompt et lusure de temps érode la capacité danalyse et dappréciation des évènements. Tel est le destin de qui sagrippe au pouvoir.
Tandja (au Niger -ndlr) avait fait de même. Il était sourd à tous les appels internationaux. Exclu de la CEDEAO et des instances régionales, il navait cure des récriminations des opinions africaines. Il a augmenté les soldes des militaires, les a re-gradés, mais il na pas résisté. Cette même Armée à qui il a accordé tant de privilèges la balayé, en un rien de temps. Autant de Dadis Camara en Guinée.
En plein 21è siècle, Ben Ali, fort dune économie solide, se permettait encore de bâillonner la presse, jusquà bloquer internet et incarcérer les blogueurs et libres-penseurs. La prison était devenue la seconde maison des Opposants, lexil leur refuge et leur liberté. La Tunisie moderne ramait à contre-courant des libertés. Mais le pouvoir ny voyait que du bonheur.
Puis, un évènement, presque banal, un anonyme diplômé chômeur, dérouté, humilié par la police municipale, dépossédé de son maigre bien sa charrette (nous dirions ici son pousse-pousse) et sa balance dont il se sert pour vendre ses fruits et légumes et qui part simmoler au feu en public par désespoir. Une bûchette dallumette pour mettre fin à sa propre vie, laquelle bûchette se transforme en brasier géant de la Nation et qui redonne une seconde indépendance et un espoir de bonheur à tout le peuple tunisien. Une vie pour toute une Nation. Un sacrifice de désespoir et damour.
Un peu comme si un de nos nombreux diplômés gérants de cabines ou plutôt de tablettes téléphoniques décidait que trop cen était trop et mettait fin à sa vie.
Les rafales de lArmée et les salves de la Police ont fait tomber des dizaines de civils manifestant aux mains nues. Lactualité nous dira combien ils sont ces Tunisiens qui ont perdu la vie dans ce déchaînement de violence et dans cette démonstration de colère.
La goutte innocente deau qui tombe continuellement finit toujours par percer la roche la plus dure. Exit Ben Ali. Dans la honte et peut-être dans le dénuement. Des procès suivront. Les Juges seront les amis dhier. Implacables, ils renieront lalliance et lamitié et ils condamneront à vie, à perpétuité, aux galères, à mort, comme ils lont fait à ceux qui réclamaient plus de liberté. Ils saisiront les biens, déposséderont des immenses propriétés, traqueront les fortunes et assigneront à résidence. Ils feront arrêter les têtes fortes dhier, les responsables de la sécurité, les gourous. Cest le schéma classique des révolutions modernes.
Les leçons : deux déterminations antagonistes sont la clé de la liberté. Lentêtement dun pouvoir dune part et la détermination du peuple de lautre. Si nous invoquons la peur pour nous terrer, si nous sommes accrochés à nos privilèges du moment, nous serons asservis pour longtemps. Lorsque nous intellectuels, nous nous cachons, que nous réprimons nos sentiments, que nous espérons que le petit peuple offre ses flancs au bal, et que nous critiquons mollement sous le couvert danonymats aussi ridicules que puériles, nous apportons de leau au moulin de nos oppresseurs. Nous aveuglons notre peuple.
Mais comme en Tunisie, la vérité finira bien par éclater un jour. Les bris des éclats seront aussi dangereux que les impacts des comètes pour un nouvel univers, au autre Big-Bang.
Toute ressemblance avec des lieux, des faits et des personnes dans ce texte nest que fortuite .ne me croyez pas.
15 Janvier 2011
VINCENT TOHBI IRIE
Quelle: venancekonan.com/aspx/mes-ecrit/contributions/3317-CAS-TUNISIEN.html
Hoffen wir, dass das tunesische Beispiel andere Menschen an anderen Orten aufweckt – und zwar bald!
Der junge Mohamed Bouazizi in Sidi Bouzid ist schonmal nicht umsonst gestorben – vielleicht bricht sich die Wahrheit ja in der Elfenbeinküste bald auch Bahn, und somit würden weitere unnötige Tote verhindert..